Le droit d'être bâillonné dans sa langue
Mais il semble maintenant qu'un nouvel argument leur soit accessible. Selon l'Association des juristes de l'État, il y a fort à parier que la Loi 142 soit inconstitutionnelle, non pas par son contenu, mais bien par son contenant.
En vertu de l’article 133 la Constitution de 1867, toute loi votée par l'Assemblée nationale doit être publiée dans les deux langues officielles du Canada. Or, l'adoption de la Loi 142 s'est fait de manière si précipitée, que les annexes n'ont pas été traduites.
Il existe, au Québec comme au Canada anglais, tout un lot d'individus ayant été acquittés d'un non-respect flagrant des règles du Code de la route pour avoir reçu une contravention unilingue.
Le cas le plus spectaculaire et le plus surréaliste s'est produit en 1985, au Manitoba. Un unilingue anglophone s'était alors prévalu des dispositions linguistiques constitutionnelles afin de contester la loi en vertu de laquelle sa contravention lui avait été attribuée. Non seulement les tribunaux lui ont-ils donné raison, mais l'affaire a même monté jusqu'en Cours suprême. Cette dernière a fini par déclarer inconstitutionnelles l’ensemble de lois de la province, toutes rédigées exclusivement en anglais depuis 1890! Comme précédent, il est difficile de trouver mieux.
La contestation de la loi 142 fera sans doute naître un tout nouveau cheval de bataille chez les centrales syndicales. N'est-il pas scandaleux que la minorité d'employés d'origine anglophone que compte la fonction publique ne puissent même pas être bâillonnée dans sa langue officielle ?
MAF