mardi, janvier 24, 2006

La clarté d'un mandat non clair...

Les sondages ont vu juste : les conservateurs de Stephen Harper ont été élus. Ce n’est plus une surprise. Durant la campagne, nous avons tous eu le temps de nous faire à l’idée sur le sujet. Nous avons donc analysé et scruté Stephen Harper. Le verdict lui a été favorable… de peu.

M. Harper devra user de la plus grande prudence dans son nouveau mandat. Avec 123 sièges, il est encore plus minoritaire que Paul Martin, qui gouvernait avec une députation de 133 individus. De plus, son élection tient en bonne partie du mécontentement des électeurs envers les libéraux.

Les Conservateurs ont bien entendu changé d’image. S’ils avaient donné la même impression que lors des élections de juin 2004, ils auraient connu sensiblement le même sort cette année. Cependant, en aucun cas ils ne devront interpréter leur victoire comme étant une réelle volonté d’entreprendre un virage à droite majeur dans de nombreux dossiers. Mise à part un règlement probablement plus profond dans le cas du dossier du Québec, ce ne doit pas être un gouvernement de « révolution » (au sens québécois du terme)

En ce sens, le fait qu’ils aient une minorité de sièges sera le meilleur argument de Stephen Harper lorsque viendra le temps de modérer les députés « purs et durs » du conservatisme moral, issus de l’ancien Parti réformiste. Plusieurs d’entre eux attendent depuis fort longtemps la venue d’un gouvernement de droite afin de revenir « dans le droit chemin » en matière d’avortement, de mariage gai, et de peine de mort. Même chose en ce qui a trait à un éventuel rapprochement avec le gouvernement Bush.

La faiblesse du futur gouvernement Harper (la transition n’aura sans doute pas lieu avant deux semaines) rendra la prudence toute naturelle dans l’application de son programme. Les conservateurs ne pourront succomber à la tentation d’interpréter la fenêtre conjoncturelle dont ils ont bénéficié comme étant un « mandat clair » de faire d’importants changements sociaux.

En 2003, un certain Jean Charest avait fait cette erreur, et avait mal mesuré la proportion d’électeurs qui avaient voté davantage contre statu quo gouvernemental qu’en faveur de son programme électoral. Imaginez ce qui arriverait si Stephen Harper avait un gouvernement aussi majoritaire que Jean Charest, et qu’il engageait une importante révolution sociale, à la sauce réformiste, sous le couvert du mandat clair!

Mais rassurez vous, la différence séparant Stephen Harper de Jean Charest est qu'il est clair que son mandat est beaucoup moins clair... Vous me suivez?

MAF

jeudi, janvier 19, 2006

L'idéal du juste milieu

À seulement quelques jours du scrutin, nous parlons beaucoup du Parti Conservateur, mais il ne faudrait surtout pas oublier de parler de la pertinence du Bloc québécois. La ferveur conservatrice du ROC (rest of Canada) nous fait souvent oublier que le parti de Gilles Duceppe demeure le plus populaire du Québec, et qu'il raflera sans doute la majorité des sièges du Québec (et de loin).

Aux dernières élections, les commandites ont terni non seulement la réputation du Parti libéral, mais aussi du Canada lui-même. Peu de gens se posaient des questions sur la pertinence du Bloc. Il était alors naturel que ce parti devienne la meilleure façon de protester contre ce scandale. Souverainistes, mais aussi fédéralistes déçus ont confié leur vote à la formation de Gilles Duceppe. N'ayant aucune alternative fédéraliste pour contrer ce salissage du drapeau Canadien, devenu un outil de propagande enrichissant certains individus désormais célèbres, le mouvement souverainiste était la voie de protestation la plus naturelle des Québécois.

Au début de la présente campagne électorale, il semblait clair que le même scénario allait se reproduire, et même s'accentuer. Nous avons tous vécus la même surprise de la montée en popularité du Parti Conservateur. Maintenant, il existe une alternative aux libéraux. Les conservateurs proposent de réaliser une bonne partie de ce que le Bloc Québécois a dénoncé avec brio au cours de son existence. Les uns ont dénoncé, les autres veulent, et peuvent agir.

Pour que cela fonctionne, il faudra que les Québécois leur donne quelques ministres. Sans quoi, le conseil des ministres ne sera composé que de gens provenant du ROC. Ils défendront, avec raison, les intérêts de leurs provinces respectives. Mais oublieront-ils le Québec?

J'ai trouvé bien intéressante l'analyse de Mario Dumont sur le Bloc Québécois, bien que j'y apporterais quelques bémols. La présence du Bloc à Ottawa n'est pas en soi catastrophique, et le parti n'est pas inutile. Ce qui peut être néfaste, c'est que la presque totalité des députés québécois soient bloquistes, et que très peu d'entre eux soient élus sous la bannière du Parti ministériel. Dans ce cas, on peut parler d'un cantonnement très risqué dans l'opposition, et cela devient nuisible pour le Québec, quelque soi le parti au pouvoir.

Gilles Duceppe a raison de dire qu'il était nuisible pour le Québec d'avoir 74 députés libéraux sur 75 lorsque Pierre-Élliott Trudeau était au pouvoir, et Mario Dumont a raison lorsqu'il dit qu'un balayage bloquiste est catastrophique. Ce qu'il faut, c'est un juste milieu. Le Québec doit avoir à la fois des députés défendant leurs intérêts au pouvoir et dans l'opposition.

Le Bloc est le meilleur chien de garde à cet effet. Cela est d'autant plus vrai que si Stephen Harper n'est pas à la hauteur des attentes, Gilles Duceppe sera le meilleur chef pour lui rappeler que le déséquilibre fiscal doit être réglé, et que le Québec a sa place à l'UNESCO. Ce ne sont certainement pas les libéraux qui vont défendre cette thèse... Une combinaison Conservateur-Bloc Québécois est probablement la meilleure chose pour le Québec, tant qu'un certain équilibre demeure. Dommage que cet "équilibre" proprement dit ne figure pas sur le bulletin de vote.

Le grand paradoxe de cette histoire est que le règlement de ces dossiers litigieux, réclamé par le Bloc, donnerait un solide coup de main à Jean Charest face à un André Boisclair qui aurait perdu quelques uns des fameux raisins de la colère souverainiste...

Dans cette éventualité, le Bloc Québécois, comme l'idée souverainiste, devra se trouver un autre champ de vigne...

MAF

mardi, janvier 17, 2006

Si la tendance se maintient...

J'ai découvert il y a quelques jours un site web fort intéressant faisant des prédictions électorales dans les 308 circonscriptions du Canada. Avant de vous en donner l'adresse, je voulais m'assurer de sa crédibilité auprès de mes professeurs. Mais l'un d'eux, Jean-Herman Guay, l'a fait par le biais du quotidien La Tribune avant même que je n’aie eu l’occasion de lui demander.

Voici donc l'adresse de ce site : http://www.democraticspace.com/blog

Au moment d'écrire ces lignes, le site prédit 55 sièges au Bloc Québécois, 9 sièges au Parti Libéral, et 3 sièges au Parti Conservateur. (celui de Pontiac demeure toutefois très serré). Le site prédit également une défaite pour Jean Lapierre et Pierre Petitgrew, mais leurs circonscriptions (Outremont et Papineau) figurent parmi celles où les prévisions sont les plus serrées.

Autre aspect fort intéressant, les responsables du site sont incapables de prédire la victoire dans 8 circonscriptions, dont certaines où les conservateurs font de plus en plus partie de la course...

MAF

lundi, janvier 16, 2006

Petit questionnaire électoral

Si vous avez de la difficulté à faire votre choix électoral, je vous conseille d'aller faire un tour sur le site : http://www.saplin.com/elections2006/

Il s'agit d'un questionnaire sur des prises de positions des 4 principaux partis. Cela vous donnera une meilleure idée, à la lumière de vos réponses, de quel parti se rapproche le plus de vos positions personnelles.

Et même si votre choix est fixé, allez-y, cela peut être amusant! J'en connais quelques-uns qui sont plutôt surpris! Au pire, il vous reste encore une semaine de réflexion...

MAF

vendredi, janvier 13, 2006

Chronique surréaliste : un gouvernement bloquiste?

Depuis le début de la campagne, plusieurs de mes amis m'ont demandé s'il était théoriquement possible que le Bloc Québécois puisse former un gouvernement minoritaire. Après tout, n'a t'il pas formé l'opposition officielle en 1993, après avoir obtenu 54 sièges (soit le même nombre que lors du scrutin de juin 2004)?

Chaque fois, je répond que cela ne se produira jamais, évidemment. Chaque fois on me répète: je sais bien, mais cela pourrait-il être possible, théoriquement? Ce présent message ne doit surtout pas être interprété comme étant une analyse réaliste, mais oui, d'un point de vue purement théorique, ce n'est pas impossible...

En y réfléchissant bien, le Bloc Québécois peut acquérir un maximum de 75 sièges. Supposons, dans notre scénario surréaliste, qu'il les gagne tous. Des 308 sièges que compte la Chambre des communes, il en resterait 233 que se partageraient le NPD, le Parti libéral et le Parti conservateur. Si on les réparti également, cela donne 77 à 78 sièges maximum à chacun d'eux. Donc, pas de gouvernement bloquiste possible dans ces conditions.

Il faudrait donc qu'il y ait au moins un parti supplémentaire qui obtienne quelques sièges pour que ce scénario surréaliste devienne théoriquement possible.
Malgré que l'on se plaigne parfois du manque de choix, pas moins de 15 partis sont inscrit à la présente élection générale!!!!!! Tous ces partis ayant officiellement une chance de gagner des sièges, alors oui, un gouvernement minoritaire bloquiste est théoriquement possible. Mais je ne vous conseille surtout pas de parier toutes vos économies là-dessus!!

En attendant la semaine des quatre jeudis, on peut toujours rêver à la crise constitutionnelle que ce scénario produirait!

Faites de beaux rêves !

MAF

jeudi, janvier 12, 2006

Quand la démagogie tue le changement...

Me voici encore en train de parler des conservateurs, mais que voulez-vous, leur bonne chance de former un jour notre gouvernement vaut bien qu'on parle un peu d'eux.

En fait, mon questionnement face à cette éventualité se poursuit, particulièrement en ce qui a trait à la place accrue qu'ils veulent accorder au Québec. Est-ce réalisable ?

Si on s'en tient à la répartition des sièges en chambre, le seul scénario possible est que les Conservateurs et Bloquistes aient, ensemble, une majorité de siège. Il est en effet évident que tant les libéraux que les néo-démocrates s'opposeraient à une réduction de la taille du gouvernement fédéral.

Cet acte serait assimilé à un "démantèlement" potentiellement dangereux pour l'avenir de l'unité canadienne pour les premiers, et à un danger que le gouvernement fédéral perde son rôle de chien de garde des politiques sociales pour les seconds.

Mais justement, dans le scénario où les Conservateurs pourraient compter sur un nombre suffisant de députés du Bloc Québécois pour régler le déséquilibre fiscal, ou augmenter la place du Québec à l'UNESCO, quelles seraient les réactions ?

Personnellement, je prédit beaucoup de mécontentement de la part d'une multitude de gens au Canada anglais, incluant des électeurs, les militants conservateurs, ainsi que des journalistes.

Imaginez, un pacte avec le diable, avec les souverainistes pour... démanteler le pays! Nous avons d'ailleurs pu en lire un avant goût dans les journaux anglophones canadiens, au lendemain de l'annonce conservatrice d'opter pour un fédéralisme plus "flexible".

La démagogie dont souffre trop souvent ce pays rend difficile des changements nécessaires, dont il est pourtant difficile d'imaginer comment les impacts pourraient être aussi désastreux. Il n'y a qu'à regarder les publicités négatives du Parti Libéral envers Stephen Harper et les Conservateurs pour mieux illustrer le phénòmène...

samedi, janvier 07, 2006

Le petit nouveau

Il est vrai que l'ancien président de l'Agence spatiale canadienne, Marc Garneau, n'a pas fait de performances particulièrement convaincantes avec sa comparaison entre la souveraineté du Québec et la guerre en Irak, et en invitant André Boisclair et Gilles Duceppe à aller faire un voyage dans l'espace avec lui. Sans compter sa déclaration où il a dit ne pas vouloir demeurer au Québec si ce dernier devient souverain...

Cependant, l'art de la communication politique ne s'apprend pas si facilement. Les points de presse sont fait sous pression, et il faut du temps pour apprendre à ne pas toujours dire tout haut ce qu'il est préférable de penser tout bas, tout en demeurant spontané. Et que dire du paradoxe qui veut que les gens n'aiment pas le manque de franchise qu'implique la stratégie politique, tout en ridiculisant ceux qui ne l'utilisent pas? Si Marc Garneau veut être spontané et dire le fond de sa pensée sans "jouer au politicien", cela ne devrait-il pas satisfaire les électeurs ?

La politique est plutôt un métier qui s'apprend à la dure. Pas question d'avoir une période probatoire, le temps de s'habituer. Les adversaires politiques n'en laissent pas passer, et les journalistes non plus. Même le chef du parti doit intervenir en défaveur du candidat lorsque celui-ci va trop loin.

Pourtant, les déclarations de Marc Garneau, bien que je ne les trouve moin même pas particulièrement pertinentes, ne sont pas dramatiques sur le fond. Faire des allégories, qu'elles soient convaincantes ou non, n'est pas vraiment révélateur de contenu politique, et cela n'affectera certainement pas mon choix. Par contre, lorsque Jack Layton prend un virage à droite en ce qui a trait au traitement des détenus, ou lorsque Stephen Harper promet de tenir de nouveau un vote sur le mariage gai, je trouve cela beaucoup plus préoccupant pour l'électeur...

jeudi, janvier 05, 2006

Les Conservateurs : une alternative ?

Nous débutons donc la deuxième partie de cette bien drôle de campagne électorale, entrecoupée par le temps des fêtes. Au départ, le Québec se retrouvait seulement avec des luttes à deux, qui allaient se solder par une victoire bloquiste possiblement encore plus écrasante que lors du scrutin du 28 juin dernier.

Cependant, les deux sondages parus en cette journée du 5 janvier ne sont pas sans causer une certaine surprise. Le sondage Ekos est celui qui donne la plus large avance aux conservateurs au Québec : 20 %, soit seulement 2 points de moins que pour les libéraux. La donne politique est-elle en train de changer au point où des députés conservateurs pourraient êtres élus au Québec ?

À l'échelle pan-canadienne, le même sondage accorde désormais 36 % des votes aux conservateurs, contre 30 % aux libéraux. La possibilité que l'issue de ce scrutin permette à Stephen Harper de devenir premier ministre du Canada est désormais bien réelle.

Bien que ses postes d'ancien chef de la National Citizens Coalition et du parti réformiste aient fait de lui un leader dont l'image est celle d'un extrémiste de droite, il faut avouer que Stephen Harper commence progressivement à être moins craint des Québécois, et à s'imposer comme étant une alternative crédible aux libéraux. Le fait qu'il puisse prendre le pouvoir, contrairement au Bloc québécois, jouera certainement en sa faveur face à un électorat québécois de plus en plus défavorable au parti de Paul Martin.

Stephen Harper a également présenté une vision du Canada qui plaira davantage a un bon nombre de fédéralistes québécois en colère contre parti Libéral. Ces derniers n'auront désormais plus besoin de voter à contrecoeur pour le Bloc québécois, blamant ainsi les libéraux d'avoir une large part de responsabilité quant à la montée du sentiment souverainiste. Il faut rappeler que ce dernier élément résulte en bonne partie du scandale des commandites et d'un paternalisme canadien qui ne colle pas à la réalité du Québec moderne.

Au départ, seuls les souverainistes pouvaient réellement se sentir confortés dans leur choix, en votant pour le Bloc québécois. Les fédéralistes allaient voter à contrecoeur, soit pour un parti libéral auquel ils ne croient plus, ou encore pour un parti défendant des idées souverainistes. Désormais, ils pourront considérer de voter pour les conservateurs.

Mais il y a tout de même un bémol. Accepteront-ils de voter pour un parti voulant rouvrir le débat sur le mariage gai, et dont on soupçonne de vouloir se rapprocher de l'administration Bush ? Feront-ils confiance au "nouveau" Stephen Harper, celui qui marche sur des oeufs en matière de bilinguisme et de services de santé universels, après tout le mal qu'il en a dit dans le passé ? Certains fédéralistes québécois, confortés par une partie du programme de Stephen Harper, ne voteront peut-être plus à contrecoeur, mais ils vivront sans doute quelque peu d'incertitude...

MAF

Bienvenue !

Bonjour à tous, et bienvenue sur mon tout nouveau blogue

C'est en ce jeudi 5 janvier 2006 que j'écris mon tout premier message sur ce blogue. En ce début d'année 2006 marquée par une campagne électorale hivernale, l'actualité politique nous plonge dans d'inévitables débats.

Ce sera d'ailleurs le but recherché par ce blogue. Des débats non pas axés sur la confrontation partisanne, mais plutôt sur l'échange constructif.

Dans une ère où la vie politique est confrontée à un cynisme plus que désolant, il est temps que nous puissions discuter, dans un espris constructif d'enjeux nous touchant tous de près et de loin. Trop d'individus prenant la parole dans l'espace publique le font de façon idéologique, et ne font preuve d'aucune ouverture sur le point de vue d'autrui.

La vie politique est remplie de manichéisme, façon de concevoir la réalité comme étant blanche ou noire, et les points de vue comme étant ceux du bien et du mal. Or, la réalité est beaucoup plus complexe, et nul ne peut prétendre détenir la vérité absolue dans une société où les opinions sont diverses.

Permettre à tous de pouvoir les exprimer librement, voilà l'essence même de la démocratie. En ce sens, le blogue constitue un excellent moyen de démocratisation de l'espace public. Désormais, chacun peut exprimer ses idées sans devoir passer par les coûteux moyens médiatiques, et sans devoir affronter les foules.

Vous l'aurez compris, sur ce blogue, tous les points de vue pourront être exprimés, tant que cela se fait dans le respect de l'autre. Bien que les sujets traités seront sans doute majoritairement à caractère politique, tout sujet ayant trait à l'actualité sera bienvenu et souhaité. Je vous invite à participer à ce blogue en envoyant vos messages, ou en exprimant des commentaires sur ceux envoyés.

Au fond, l'intérêt qu'aura ce blogue ne dépendra de vous!

Bonne visite !

MAF